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Je parlais ici d'un Atelier d'Ecriture
Auquel j'ai participé durant quelques années
Dans cette bonne Ville de Nîmes,
La Ville avec un accent .
L'exercice musical auquel Harmonie nous a demandé de participer m'a remis en mémoire
cet excercice d'écriture
pratiqué dans l'Atelier POSTSCRIPTUM
le mardi 26 septembre 2006
La consigne était la suivante ;
"D'après Edouard Levé : "Autoportrait", Ed. POL 2005, un petit livre de 150 pages qui se lit d'un trait,
faire votre autoportrait . Phrases très simples, mises bout à bout, qui vont du coq à l'âne . Utilser le "JE". Provoquer un carambolage dans les annotations .
Le principe : c'est le désordre , le "comme ça vient" .
Présent, passé, futur, conditionnel, sujet, verbe, complément ... "JE" et "JE NE ... PAS" ... se télescopent
Parfois la phrase se fait plus complexe . Une tonalité se dégage à travers cette écriture . Pas de ponctuation.
La forme est très importante, c'est le désordre qui fait le sel du texte ."
- Mon texte -
J'aime toujours les déguisements Je préfère me tenir à la droite de celui qui me parle je suis sourde de l'oreille droite j'ai horreur des confitures très sucrées je déteste les hurlements de la personne qui me tient lieu de mère ils sont horripilants si je pouvais compter les cheveux de mon grand père j'y passerai volontiers l'éternité les promenades au bord de la mer apaisent tous mes tourments je m'y retrouve dans la vie d'avant le langage j'adore descendre le Mont Ventoux à reculons, j'aimerais faire Paris New York en patins à roulettes et dormir avec l'âne de Stevenson parce que je préfère les ânes aux ânesse compter les étoiles filantes en écoutant Schubert me paraît le sumum du bonheur ceux qui savent tout me dépriment me rouler dans les neiges du Nevraska en caressant un loup fait peur à ma soeur qui préfère raconter que je suis tombée dans la fosse à purin chez mon premier grand père elle dit que j'étais toujours la première à faire les grosses bêtises mais je suis la meilleure de la classe je lui dis les WC à la turque me rappelle les joies de ma vie d'écolière mon petit copain regardait par les fentes de la porte vermoulue mais je préfère les lumignons des lucioles au grouillement des vers blancs sur les fromages de chèvre dans la chaleur de l'été à la fin des repas j'ai rencontré en tout et pour tout trois personnes franchement antipathiques et tricoté une brassière jaune pour l'aîné de mes fils j'étais la meilleure élève de tout le canton et je veux me retrouver assise à la droite du Père Amen les cierges finissent toujours par pleurer leur flamme sous l'éteignoir et les enfants de choeur sont des graines de sadiques je l'ai tout de suite compris dans le parfum doucereux de l'église de mon village mon rêve serait de jouer de l'orgue au milieu du lac Titicaca dans une infiniment très longue robe rouge seul le coassement des grenouilles vertes assises en rond autour du lac couvrirait les pleurs des tuyaux et la truite Trucha Griss rejoindrait dans un éclat bleu argenté Kiki le Condor qui l'emmènerait voir la mer mon Gougou lorsque je vois rouge j'imite le hi-han de mon âne préféré et que je ronge des mille-feuilles au parfum de framboise sauvage les jonquilles sont mes fleurs préférées et je ris lorsque le maître trébuche en mettant son chapeau dans la poubelle il a encore mis des chaussures dépareillées ce matin ma grand mère est morte tout le monde pleure je pense qu'elle a bien de la chance enfin je ne parle pas de mon dernier unique amour ça me fait pleurer qui vit sans folie n'est pas aussi sage qu'il le croit a dit François de La Rochefoucauld je dis la même chose et mon ami rit .
Je pourrais encore écrire longtemps et jusqu'à ce que mort s'en suive de cette manière déjantée et surréaliste mais les bonnes choses ont toujours une fin
Françoise