Qu'est-ce que tu crois ? C'est pas d'aujourd'hui ! .....

Je t'en prie, arrête-toi un instant ... Ecoute-le ... Il est mort

- "C'est une merveille, non ?"   qu'il dit Lény !

Leny Escudero - Documentaire

Documentaire sur Leny Escudero Leny Escudero, de son nom de naissance Joaquim Leni Escudero est né le 5 novembre 1932 à Espinal en Espagne. Son père et sa mère, républicains espagnols quittent...

https://www.youtube.com/watch?v=ECcx1h-Rx40

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[Michel Cousin (Papypik)]

J'en ai fait 2 depuis ce premier
Outre celui du Puy (papypik.unblog.fr)
Vous pouvez retrouver sur mon autre blog le Camino del Norte : papypikcaminonord.unblog.fr
Sur celui de la Plata un 3ème blog tenu au jour le jour et sur lequel dans quelques temps je publierai également un journal : papypikcaminoplata.unblog.fr

bravo pour tout ce que vous faites

Michel

[Michel Cousin (papypik)]

Putain de mois d'octobre,

Par cette belle journée du 9 octobre 2015, qui pouvait nous mettre l’hiver au bord des yeux, déverser cette putain de pluie chagrin alors que le ciel désespérément ensoleillé nous narguait d’un bleu narquois à faire douter de l’inévitable.

- « Allo, oui, tu es au courant de la triste nouvelle ? »
- « Non, quoi ? »
- « Leny Escudero vient de mourir »

Putain de mois d’octobre.

Leny, je viens d’entamer ton dernier livre « Le début, la suite, la fin. » A la lecture du titre, ce point qui le ponctue m’avait alerté. Il sera donc définitivement un point final. Depuis notre dernière rencontre en mai 2013 au salon du livre de Vannes, j’avais eu le plaisir de pouvoir discuter avec toi du livre que tu présentais avec ce titre étonnant : « Ma vie n’a pas commencé » d’autant plus bizarre que l’histoire débutait après ton départ de la Mayenne bien après l’adolescence. Je me sentais désarmé, intimidé même devant toi, vieux bonhomme semblant si fragile mais animé soudain d’une énergie juvénile dès que certains souvenirs resurgissaient. Il fallait voir alors tes yeux briller comme sans doute à l’époque de tes primes révoltes.
J’eu droit à quelques confidences sur tes rapports avec certains artistes croisés à tes débuts, confidences inédites et non couchées dans le livre. Sur Jacques Brel, « J’ai fait ses premières parties » me disais-tu, « dès la fin de mon tour de chant, je l’observais, l’admirais tous les soirs et lui m’a toujours ignoré. » « Rapport comparable à ceux de Mozart et Salieri ? » « Tiens oui je n’y avait jamais songé » La déception était encore palpable après tant d’années. Et puis, tes discussions avec Brassens sur vos techniques respectives d’écrire les textes. Et d’autres encore ….
Si j’ai pu te dire que je t’écoute depuis plus de 50 ans, je n’ai pas eu l’audace de te raconter que cette affection inconditionnelle m’avait valu dans les années 60 le surnom de Leny. A l’époque, mon pickup tournait à plein régime pour m’étourdir sur la musique des Stones, Yardbirds, Smallfaces et autres Animals. Qu’il était bon alors de s’isoler ainsi « des rois de l’accordéon ». Quand tu débarqua avec ta gueule de rockeur, pour chanter ton « Amourette » et ta « Ballade à Sylvie », ce fut un vrai choc poétique ! Si je cultivais un certain mimétisme physique, je n’avais malheureusement pas ta voix ni ton talent. Pour la coupe de cheveux, le nez et le visage assez anguleux passe encore, mais pour le reste …
Qu’importe, je me rassasiais de tes textes. Cela me permit auprès de la bande et surtout des filles d’endosser le rôle du « pas comme les autres », celui qui déclame des chansons d’amour, le romantique de service. Si cette démarque pouvait parfois apparaître un peu anachronique, cela fonctionnait plutôt bien et m’était bougrement utile pour aborder les premiers émois.
Je me revois, cet autre jour d’octobre 62, déambuler rue de la paix avec cette ritournelle en tête pour un incertain rendez vous « J’ai perdu mon âme en perdant Sylvie, ah qu’elle me revienne, j’oublierai le temps, le temps de mes peines … » quand, soudainement, je fut cloué sur place devant le kiosque à journaux à la lecture des gros titres « Le monde au bord de la guerre nucléaire » L’insouciance de l’adolescence se prit alors les pieds dans la peur de l’imminence d’un danger terrifiant. Il était question d’un affrontement qui paraissait inévitable entre Américains et Russes à propos d’installation de fusées à têtes nucléaires à Cuba par les soviétiques. Rue de la paix, maintenant que j’y pense, le hasard a de drôles de coquetteries !
Si j’étais féru de musique, le domaine politique me passionnait également. La guerre d’Algérie était passée, la dernière guerre semblait bien l’être pour garder son rang. Le monde était maintenant selon les spécialistes celui où il ferait bon vivre et patatras, soudain … l’horreur! Putain de mois d’octobre, l’hiver semblait aux portes d’un ancien monde qui allait mourir. Heureusement, ce mois d’octobre garda son habit d’automne. Le danger écarté, la musique repris ses droits.

Les amours sont ainsi faites, nous nous sommes un peu perdus de vue. En plein succès, tu décida de prendre du recul, de courir le monde avec une longue pause en Afrique pour y construire une école de tes mains. D’autres ici, dont j’ai pu faire partie un moment, trouvaient plus utile de manifester avec des pancartes comme étendards et pour uniques combats. Je compris ensuite un peu grâce à toi, qu’il n’est pas forcément utile de viser la lune par atteindre l’humain.
Quand tu reviens au début des années 70, tes textes ont changé, pris du corps avec la rage et la révolte intacte. Comment oublier, comment pouvais-tu oublier ton vécu de réfugié politique espagnol. A lire ce dernier livre, on apprend qu’il s’en fallut de peu que ta famille et toi subissent le sort des milliers de victimes du fascisme. C’était le siècle dernier, tu l’appelais « Le siècle des réfugiés » dans l’une de tes chansons qui malheureusement reste et demeure d’une cruelle actualité. Quelles brides de phrases qui me reviennent :

« Ils sont toujours les emmerdants
Les empêcheurs les trouble-fêtes
Qui n'ont pas su baisser la tête
Qui sont venus à contre temps
Dans tel pays c'est mal venu
Venir au monde t'emprisonne
Et chaque jour on te pardonne
Puis on ne te pardonne plus »

Alors maintenant, s’il fallait écrire la suite, je te propose « Le siècle des réfugiés 2.0 »

La Mayenne que tu surnommais Malypense, a-t-elle vraiment changée ? Nous ne sommes plus dans les années 60, c’est vrai. J’ai connu l’époque où quand on avait la même gueule que toi, on ne pouvait s’afficher à la terrasse des cafés du centre ville. Ce n’est plus le cas aujourd’hui mais jusqu’à quand ?

La xénophobie disais tu t’a donné la rage d’apprendre, l’envie d’être le premier de la classe en français. Je doute que ce racisme rampant ait vraiment disparu, à entendre certaines rumeurs j’ai même l’impression qu’elle renaît insidieusement de ses cendres restées encore tièdes.

Alors, faut-il désespérer, baisser les bras et se résoudre à croire que les combats pour la liberté, la justice et la tolérance ne sont que des chimères. La tentation est grande parfois de baisser la tête, écrasé par sa propre faiblesse comme tu l’a merveilleusement chanté dans la « Grande farce » où tu interprétais la passion du Christ. Même si l’on était croyant, il y a de quoi douter de tout y compris de son dieu et lui avouer comme tu le fis :

« Mais tu n'écoutes rien du haut de ton empire
Mais je suis à leurs pieds et je vais te maudire
Arrête maintenant ! Arrête, je n'en peux plus !
Je vais te faire honte et me pisser dessus »

C’est une autre farce que tu nous fais aujourd’hui, c’est une partie de moi même qui s’est perdue.

[La Vieille Marmotte]

Message envoyé à son destinataire ! Merci BEAUCOUP pour votre témoignage/cri du coeur, et de votre visite. Un autre "Camino" en vue ? Je vous espère en bonne santé !

[covix]

Bonjour,
Heureusement qu'il y a les blogs pour lui rendre hommage.
Un grand qui nous a quitté.
un clin d'oeil mercredi et un autre hommage la semaine prochaine.
Bonne journée
Bises

[mamiehiou]

Lény, la nostalgie gitanesque...