Article programmé
... "Comment c'était avant noël pour toi Mémé, quand tu étais petite ?"
Malgré le froid, dehors, parfois la neige, le 24 décembre est une journée "chaude" pour nous, dans la grande cuisine de la ferme .
L'excitation nous gagne, bien que l'on parvienne à la contenir .
Maman, cuisine . Le feu rougeoit dans le fourneau qui rayonne .
Dans le four cuisent des pâtisseries qui nous chatouillent les narines .
Chacun s'affaire dans son coin .
Après la soupe, ce soir, nous mettrons chacun UN soulier bien ciré, tous en rang d'oignons devant la cheminée ...
Puis les enfants iront se coucher . Les Parents nous réveilleront, ma soeur et moi, car maintenant nous sommes assez grandes pour aller à la Messe de Minuit avec notre père . Au retour, nous "réveillonnerons" .
Comme il fait froid en cette nuit de décembre, maman nous emmitouffle sérieusement !
Manteau, écharpes, gants, bonnet de laine avec un ponpon . Et nous voilà partis dans la nuit glacée .
Le sol crisse sous nos pas dans la neige gelée . Et c'est toujours la pleine lune, la nuit de Noël !
Nous avons trois kilomètres à parcourir avant d'arriver au village . Et nous quittons le maison vers 22 heures 45 pour participer à la Veillée de Noël .
Les habitants du village sont réunis dans l'église (pas encore chauffée à cette époque-là) pour chanter LES ANGES DANS NOS CAMPAGNES, ADESTE FIDELES, ENTRE LE BOEUF ET L'ANE GRIS ..."dors, dors dors le petit Fils ; Mille anges divins, mille Séraphins volent alentour de ce Grand Dieu d'amour" . Tu vois, je m'en souviens encore !
Tu vois, c'est vraiment avec ces "images d'Epinal" (pour la plupart) que j'ai grandi .
C'est dans cette ambiance qu'une grande majorité des enfants de ma génération ont grandi .
Certains ont réussi à se défaire du caractère négatif de ce que je nommerai "bondieuseries" qui ont contribuées à nous garder longtemps dans l'infantilisme .... d'autres pas !
Et nous "transmettons" .
Souviens-toi, nous n'avions pas la télévision ...
Mais je fais là une a-parté !
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Quand sonne au clocher le premier coup de Minuit, mon père entonne À CAPELLA le minuit chrétien .
Le refrain est repris par la chorale qu'il dirige, qui vient de chanter durant toute la veillée
et qui va encore chanter la MESSE DE MINUIT !
Pendant que les chanteurs s'exécutent, l'Enfant Jésus est porté en procession par les enfants de choeur en soutane rouge et surplis blanc, avec Monsieur le Curé Darbousset qui dépose l'enfant dans la crèche, entre Joseph et Marie, sous l'oeil débonnaire du boeuf et de l'âne gris qui ont pour mission de réchauffer l'Enfant .
Il y a peu de temps, "tonton Christophe" m'a fait découvrir une autre version du MINUIT CHRETIEN .
Je t'avoue que je l'aime beaucoup :
La messe finie, les "Joyeux Noël" échangés sous le porche de l'église, nous prenons le chemin du retour .
La pleine lune brille toujours dans le ciel où scintillent aussi des étoiles .
Le sol crisse toujours sous nos pas, dans la neige gelée .
Nous approchons de "La Maison" où nous accueillent les aboiements joyeux de notre Flicka .
La porte s'ouvre . Nous nous engouffrons dans la clarté et la chaleur du nid familial .
Nous quittons les vêtements de laine . Présentons nos mains froides au ronflement de la cuisinière .
Humons le chocolat chaud et fumant .
Notre mère a préparé le petit réveillon : avec le chocolat, une brioche, une clémentine, non, une mandarine, (les clémentines n'existent encore pas) , une papillote .
Et vite au lit .
Mais je guette dans l'obscurité, à l'affût du remue-ménage à peine perceptible .
"Ils "mettent les cadeaux dans les souliers . Mais ne t'avise pas de bouger ! Tu dois faire "comme si ..."
Demain matin, ce sera le premier levé qui donnera le signal des "Regarde ... et moi ... Oh ! qu'est-ce qu'il y a dans mon soulier ? " .....
Ce sont là les faits les plus marquants dont je me souvienne de cette période de ma vie !