Lorsqu’une maladie psychique se révèle au sein d’une famille, personne
ne veut y croire, personne n’y comprend rien, personne n’y est préparé. Certes, souvent des signes avant-coureurs se sont manifestés, mais qui leur donne d’emblée toute leur
importance?
« oh ! Ce n’est rien, une crise d’adolescence un peu difficile » qui prend peu à peu de l’ampleur et est un jour qualifiée de « gratinée »!
Peut être faudrait-il consulter?
Mais le principal intéressé se dérobe. L’atmosphère devient de plus en plus tendue. Les éclats de voix, de vie se multiplient et un jour devant la gravité de la situation parfois
dramatique, il faut se rendre à l’évidence.
C’est l’hospitalisation.
Commence alors un long chemin que nous n’aurions jamais pu imaginer. La vie continue mais tout est chambardé! Chaque être est unique certes et vit sa propre histoire, mais nous avons
connu un itinéraire identique à celui que connaissent tous ceux qui ont à souffrir de la maladie psychique.
Le mot ne sera lâché qu’après des mois voire des années de galère! Et pourtant, il est si important de pouvoir nommer la réalité pour enfin savoir à quoi on a affaire à faire face.
Un jour, au tréfonds de la plus noire désespérance, vous retrouverez un numéro de téléphone. Au bout fil, une voix inconnue mais chaleureuse et solidaire - réaliste.
J’ai compris ce jour là que je ne devais plus rester seule, enfermée à jouer des poings et de la volonté. Et de la révolte, je suis passée … à la révolte. Je me suis re-tournée. La
pente s’est inversée. Pas la souffrance qui est devenue souvent depuis lors compassion. Mais je n’étais plus seule face à l’indicible à la culpabilité, à l’horreur pour tout dire.
David malade m’a appris tant de choses si importantes depuis que je me suis mise à son écoute. J’ai pu lui dire « je suis tellement fière d’avoir un fils comme toi qui sait se battre
pour la vie ».
J’ai pu apprendre beaucoup de choses avec lui et tous ceux qui m’entourent, si pleins de courage et d’espoir à commencer par mon époux et mes trois autres enfants.
J’ai appris que l’épreuve est lourde, difficile. Mais je crois aujourd’hui que ce qui importe ce n’est pas l’épreuve elle-même, quelle qu’elle soit, mais la façon dont on se donne les
moyens de s’en sortir. Il y a toujours une porte ou une fenêtre ouverte.
Françoise Vacher