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<< .....  comment ne pas voir, chaque jour. Y a-t-il une bonne raison de détourner le regard ? Surtout que si l’on regarde bien ces photos qui disent notre temps, une certaine image de la vie finit toujours par percer le chaos. Ici la mer est calme, le ciel dégagé, sur ce paysage tranquille, un drame devenu quotidien est en train de se jouer. C’est un canot pneumatique blanc surchargé. En train de sombrer. Il y environ 150 personnes entassées, de Somalie, d’Erythrée, d’Ethiopie, du Nigeria. La multitude de visage est floue. On devine une majorité d’homme. Les visages semblent au tout premier plan, inexpressifs, voilés de fatigue, ou peut-être d’une forme de colère contenue. Pas de signe extérieur de panique, ou d’agitation quelconque. Ce n’est que lorsque notre regard s’engouffre dans la profondeur de l’image que les expressions deviennent plus nettes et prennent l’allure d’un appel à l’aide. Les visages sont contrits, les bouches semblent crier. Les yeux aussi. Des mains sont levés au ciel. Elles appellent. On ne sait pas très bien qui. Le monde entier peut-être. Les yeux sont rivés sur l’objectif d’Aris Messinis. Ce photographe récompensé pour son travail à Perpignan le mois dernier au festival Visa pour l’image, publie ici une série de photos pour le _New-York Times_. Avec ce titre, froidement descriptif, qui semble forcer l’incrédulité : « Enjamber entre les morts sur un bateau de migrants ». Le photographe qui couvre la crise migratoire depuis 3 ans, et qui confie dans les lignes du journal américain « J’ai déjà pas mal vu la mort, mais ça je ne l’ai jamais vu ». Ca c’est ce sont ces embarcations qui contiennent parfois 5 fois plus de personnes que leur capacité ne le permet. Ca ce sont des hommes et des femmes qui fuient des guerres pour se retrouver à se frayer un chemin entre les morts, en pleine mer. Et sur notre image, ça, c’est aussi, ce symbole de la vie qui ne lâche jamais tout à fait. Les visages sont floues, sur le canot blanc. Mais il y a un visage, un corps tout entier sur lequel le Aris Messinis fait son point. Un bébé tenu en l’air vers le ciel à bout de bras. Le photographe explique qu’il s’agit d’un appel à l’aide adressé aux sauveteurs qui approchent. Une manière de leur signifier l’urgence de la situation. On peut aussi y voir une manière de se battre, de brandir l’avenir, qu’il reste possible d’imaginer même pendant le plus dangereux des voyages.>>

 

Tag(s) : #Lu - vu - entendu..., #La Marmotte se tait ...