Ousmane Sow, célèbre sculpteur sénégalais est le premier Noir à devenir membre de l’Académie des Beaux-Arts de Paris. Portrait de ce plasticien aux "doigts de sorcier" qui, de Dakar à Paris, a gravé son nom dans la glaise.
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"Rien de ce qui m’arrive cet après-midi ne m’est habituel […] Comme mon confrère et compatriote sénégalais Léopold Sédar Senghor, élu à l’Académie française, il y a trente ans [le 2 juin 1983], je suis africaniste. Dans cet esprit, je dédie cette cérémonie à l’Afrique toute entière, à sa diaspora et aussi au grand homme qui vient de nous quitter, Nelson Mandela", a-t-il déclaré ......
En Août 2005, j'ai eu le bonheur d'approcher Ousmane Sow, et d'admirer tout à loisir lors d'une exposition au Pont du Gard (30) .
J'étais d'autant plus intéressée qu'à l'époque, je m'essayais, modestement à la sculpture sur terre.
Mais l'exposition n'a pas rendu compte de la puissance de l'Art de Monsieur SOW. Ses oeuvres sont faites pour vivre au soleil, dans la lumière et dans le vent, et je souscris totalement à l'avis de Catherine Plassard que je retanscris ci-dessous :
Ousmane Sow au Pont du Gard jusqu’au 30 octobre 2005
..... Vous (y) rencontrerez des lutteurs, des guerriers, des couples, des familles, masaï, peuls et bantous.
Dans une grande pièce en sous-sol entièrement peinte en noir, les sculptures d’Ousmane Sow, alignées les unes derrière les autres sont parcimonieusement éclairées. Un spot dessine ici un menton, le regard vous échappe, là une épaule , le bras disparaît, ou encore un buste alors que le corps entier s’efface. On entre dans un lieu à part. On nous montre avec retenue des curiosités. Malaise !
Tout a été fait, pour renvoyer les créations de l’artiste à leurs seules origines africaines, Pourtant, Ousmane Sow, ni dans le geste, ni dans la forme n’a hérité de la statuaire traditionnelle.
Par ailleurs, ses sculptures s’accommodent mal du défaut d’air et de lumière. Leur excès en tout, leur force brutale, la vie et les sentiments qui les animent réclament un espace ouvert, la lumière du soleil.
L’exposition est présentée dans le cadre du trentième anniversaire de l’inscription du Pont du Gard au patrimoine de L’Unesco, elle vise à illustrer la valeur universelle du langage de l’art. La présentation des sculptures d’Ousmane Sow manque complètement le but recherché. Elle isole les particularismes, cerne les différences, elle fabrique de l’exception .
A qui la faute ? à ceux qui désirent créer du sensationnel, de l’événementiel, à ceux qui utilisent l’art et les artistes comme faire-valoir sans soucis d’aimer, ni de comprendre, à ceux qui ignorent la portée morale d’une oeuvre, son inscription dans la vie et dans le monde, à ceux qui oublient le rôle important du passeur ?
Dans cette exposition, il faut refuser le guide pour voir les oeuvres dans toute leur simplicité, leur vigueur, leur évidente humanité.
Catherine Plassart
N'hésite pas à visiter le site officiel de l'artiste !